Les guerres, puisqu’il faut quand même les appeler ainsi, qui secouent les pays du Moyen-Orient, ont dominé l’actualité de ce mois d’août. Enfin, presque. N’a-t-on pas attendu en vain, l’autre soir, au 20 heures de France 2 une information sur la résolution enfin prise, et à l’unanimité, par le conseil de sécurité de l’ONU visant à empêcher le recrutement et le financement des djihadistes en Syrie et en Irak ? C’est vrai qu’il y avait de la concurrence avec la moisson de médailles réalisée par les athlètes français aux championnats d’Europe !
Cela étant, d’une manière générale, nos médias se sont efforcés de sensibiliser l’opinion au drame vécu par les chrétiens d’Orient, chassés ou massacrés, par les barbares de l’Etat islamique et du Front Al Nosra et ils nous ont fait découvrir les yazidis qui n’ont trouvé que les kurdes, dont la France a choisi de renforcer l’armement, pour les protéger. Mais, le compte-rendu des faits n’a que très rarement fait un peu de place à la réflexion sur l’origine des drames constatés en Irak, mais aussi en Syrie, en Lybie, en Egypte, au Mal, au Nigéria…C’est pourquoi il m’a paru intéressant de citer le texte publié par le Huffington Post, signé Patricia Lalonde, secrétaire générale de l’ONG MEWA, oeuvrant pour le droit des femmes dans les pays arabes.
« La lutte pour le respect des droits fondamentaux des femmes, écrit-elle, aurait dû mener nos diplomates occidentaux, et particulièrement nos diplomates européens, un peu trop pressés de suivre l’allié américain qui fait parfois preuve d’aveuglement idéologique, à adopter une politique différente concernant les révoltes du « Printemps arabe ».
L’intéressée a raison de dire qu’ils ont aidé, indirectement et par aveuglement, les djihadistes en poussant au renversement de chefs d’Etat qui n’étaient certes pas des modèles de démocrates, mais qui assuraient un minimum de protection aux femmes et aux minorités. Sans doute cela servait-il de prétexte pour réprimer les opposants. Mais, entre deux maux, ne convient-il pas de choisir le moindre ?
Si la Tunisie a échappé au pire, la société civile s’étant immédiatement mobilisée face aux menaces du parti islamiste Ehnnada, en Lybie le résultat de l’intervention franco-anglaise, soutenue par les Etats-Unis, est un chaos indescriptible dépassant le frontières du pays pour se répandre jusque dans toute la zone sahélienne et, en Egypte, il a fallu que l’armée reprenne le pouvoir aux Frères musulmans pour éviter la catastrophe.
« Nous avons également créé le pire en Syrie, poursuit Patricia Lalonde, en fournissant des armes aux opposants soi-disant modérés, à Bachar El Assad. Résultat : nous sommes confrontés au califat entre Syrie et Irak avec le génocide des chrétiens, des yazidis, des chiites et des kurdes programmé par Abou Bakr Al Baghdadi… » Et il a fallu que l’Etat islamique se retrouve aux portes de Bagdad pour que l’Occident se réveille, se décide à armer les peshmergas de Barzani et que des frappes ciblées soient réalisées par l’aviation US.
Que d’angélisme !
Pourtant la stratégie des talibans, quand ils étaient au pouvoir en Afghanistan, et ils risquent d’y revenir, aurait dû nous servir de leçon. « Il est important de comprendre que tous ces djihadistes sont les mêmes, qu’ils agissent différemment selon la configuration politique, mais leur but est identique : le retour à la charia la plus moyenâgeuse avec des femmes contraintes à n’être plus que des ombres, interdites à l’école et, plus globalement, tous ceux considérés comme des infidèles massacrés. »
Sur un thème voisin, celui des manifestations pro-palestiniennes de l’été, une autre contribution, pleine d’à-propos, toujours sur le site www.huffingtonpost.fr C’est un essayiste, Jacques Tarnero qui a écrit une lettre ouverte à Christophe Barbier, le directeur à l’écharpe rouge (été comme hiver !) de L’Express à la suite d’un éditorial consacré à la peur des juifs de France.
De ce texte que je conseille aussi de lire en entier, j’ai extrait ces quelques passages qui ne déplairont qu’à ceux, toujours les mêmes, qui ne veulent pas voir.
«La tribu (lire la communauté juive) est inquiète, pas uniquement des menaces réelles rencontrées çà et là, elle est inquiète, d’une part, de voir que le symbole politique porteur pour ces jeunes « beurs » soit le Hamas, elle est surtout consternée de voir que des forces de gauche, de la gauche de la gauche, lui emboitent le pas. Le grotesque confine à l’absurde et, à l’absurde, le naufrage intellectuel de voir Besancenot et Krivine défiler à côté des partisans du nouveau Calife de Bagdad ! » Ou encore : « L’islamisme représente aujourd’hui ce que le fascisme ou le stalinisme représentaient hier. Le troisième totalitarisme est en marche sous différentes appellations. » Et Jacques Tarnero de s’en prendre à Jacques Attali, qui écrit dans l’hebdomadaire : « Comment cet intellectuel si clairvoyant peut-il, en une phrase, accabler Israël ? Comment peut-il applaudir l’intervention de la France au Mali et dénoncer la riposte d’Israël (face au Hamas) ? C’est le même ennemi qui est combattu sur deux fronts. »
Et il conclut : « Ce ne sont pas les Juifs qu’il faut prioritairement interpeller, mais bien plus l’assourdissant silence de ceux qui se réclament de l’héritage arabe et de la civilisation née de l’islam devant les horreurs qui sont commises en son nom. »
