Les précédentes campagnes en vue de l’élection du président de la République française n’ont que rarement atteint des sommets. Hélas. La confrontation des idées et des projets a, le plus souvent, cédé le pas aux invectives, aux « petites phrases », aux bagarres internes aux camps en présence. Cependant, l’édition 2017 est bien partie pour demeurer dans les annales sur le plan de la médiocrité, voire de l’indigence. La faute aux candidats certes, mais aussi à ceux qui ont pour mission d’informer le plus honnêtement possible et qui se complaisent dans l’accessoire, la recherche systématique de l’exclusivité, du « coup » qui leur vaudra, eux et leur média, d’être abondamment cités par leurs confrères et consoeurs.
Dernier exemple en date : le « scoop » négocié par France 2 avec Yannick Jadot. Le candidat d’Europe Ecologie Les Verts, de toute évidence, n’a eu les honneurs du « 20 heures » qu’en échange de son engagement à annoncer en direct sur le plateau son retrait de la course à l’Elysée au profit du socialiste, Benoît Hamon. Et, comme on pense à tout du côté du service public, le présentateur du JT a immédiatement invité Yannick Jadot à s’adresser à Jean-Luc Mélenchon, le candidat de « La France insoumise » qui, formidable hasard, se trouvait dans la maison pour participer à la grande émission politique suivant le journal ! Ah, si France 2 avait pu s’enorgueillir, non seulement d’offrir à ses téléspectateurs l’accord PS-EELV, mais encore mieux : le retour de toute la gauche plurielle ! Malheureusement, il faudra attendre encore un peu pour voir si le « co-voiturage » est encore possible « dans le corbillard du PS », comme l’a déclaré un Jean-Luc Mélenchon, toujours aussi percutant dans ses formules...
Jadot avec Hamon, de Rugy chez Macron : pour la première fois depuis 1974, il n’y aura donc pas de candidat écologiste à l’élection présidentielle. Mais il fallait que le vainqueur de la primaire d’EELV en passe par là si le parti voulait tenter de sauver une quarantaine de circonscriptions lors des législatives du mois de Juin.
A propos d’écologie, que devient la ministre en charge de ce secteur, Ségolène Royal ? Elle n’avait pas caché sa sympathie pour son ancien collègue ministre de l’Economie. Mais, elle a toujours sa carte du PS et, rue de Solférino, on a bien dit que ceux qui seraient tentés par la « macronisation » devaient s’attendre à être exclus. Ségolène attend donc certainement de voir comment les choses vont tourner. Il y a tellement eu de surprises depuis 3 mois. Pour s’occuper, elle a entrepris ce qu’elle sait le mieux faire : communiquer.
Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, elle a fait confectionner une brochure toute à sa gloire, adressée à une centaine de journalistes. « Ségolène Royal, au service de la Planète et de l’excellence environnementale de la France- Panorama des actions ». C’est l’intitulé ronflant du document d’une trentaine de pages illustrées qui détaille les multiples actions conduites par la ministre depuis 2014 ! Un modèle d’auto- promotion qui ne s’embarrasse pas de s’arroger, au passage, des mesures prises par ses prédécesseurs ou des rôles tenus par d’autres. Laurent Fabius, par exemple, appréciera le passage sur la COP 21…
Il faut dire que Ségolène Royal n’est pas la seule à penser à marquer son passage aux affaires. Le père de ses enfants y pense, paraît-il, aussi. Mais, comme le bouquin censé témoigner de son quinquennat, « Un Président ne devrait pas dire ça… », ne lui a pas vraiment réussi, François Hollande a décidé, lui-aussi, de prendre les choses en main et de choisir les photos destinées à illustrer les temps forts de sa présidence.
Oui, vraiment, 2017, jusque-là, ne ressemble à rien de connu.
