Triste week-end, malgré la réapparition du soleil et une remontée du thermomètre : samedi, on a appris le décès de Jean Ferrat, dimanche, on a enregistré une nouvelle défaite de la démocratie. Comme si l’un annonçait l’autre.
La disparition du « chanteur engagé », comme l’ont répété tous les commentateurs, c’est aussi celle d’un homme de conviction, d’un modèle de rectitude et, si l’on pouvait ne pas partager toutes ses idées, son rejet systématique des faux semblants en faisait un exemple de l’attachement à des valeurs, hélas, mises à mal. Le taux d’abstention au premier tour des élections régionales est d’ailleurs symbolique de la perte d’une de ces valeurs : le civisme.
On m’objectera que la mauvaise qualité du spectacle (c’est le mot) fourni, ici et là, et encore plus en Languedoc- Roussillon que dans n’importe quelle autre région, par les hommes et les forces politiques, avec la complicité des media, entre pour une large part dans cette désaffection des électeurs. Ce n’est pas faux. Mais l’explication n’est pas suffisante. On ne peut passer son temps à se lamenter et se désintéresser d’une consultation électorale. Il ne sert à rien de réclamer à tout bout de champ le droit à la parole et de ne pas prendre celle- ci quand l’occasion se présente.
La moitié seulement de toutes les personnes inscrites sur les listes électorales se sont donc rendues aux urnes. A partir de là, toutes les analyses entendues dimanche soir, lors des traditionnelles « foires d’empoigne » télévisées, sont apparues surréalistes et, en tout cas, bien faîtes pour amener, le 21 mars, d’autres électeurs à préférer aller à la pêche à la ligne. Finalement, la grève des personnels de France 3 a eu du bon. Elle nous a dispensés des débats d’un niveau proche de zéro au profit de... « Zorro » !
