Sous le règne de « François le petit », comme l’appelle l’écrivain Patrick Rambaud dans son dernier « dézinguage présidentiel », on innove régulièrement, même si, par ailleurs, on reste dans la veine très monarchique de nommer ses amis, en l’occurrence ceux de la promotion Voltaire de l’ENA, à des postes de responsabilités, la dernière à en bénéficier étant Sylvie Hubac, ex-directrice de cabinet du chef de l’Etat placée à la tête de la Réunion des musées nationaux-Grand palais. Question « première fois », l’évènement qui ne manquera pas de rester dans les annales de la vie politique au niveau gouvernemental, c’est quand même ce bouquin de Christiane Taubira sorti en librairie moins d’une semaine après son départ de la Chancellerie.
D’autres ministres, avant elle, se sont épanchés après avoir démissionné ou avoir été virés. Mais, ils avaient tous observé un délai de « décence » avant de prendre la plume. L’ex-garde des Sceaux a fait beaucoup plus fort. Elle a écrit son « Murmures à la jeunesse », dont l’essentiel est consacré à son combat contre la déchéance de nationalité proposée et défendue par le président de la République et son Premier ministre, pendant qu’elle était encore en poste. Elle a donné le feu vert à son éditeur quinze jours avant l’annonce de sa démission en faisant en sorte que l’impression (en Espagne), la livraison des 45 000 exemplaires et l’information des libraires relèvent quasiment du « secret défense » ! Et en insistant pour que le livre paraisse, fin janvier, quelques jours avant l’ouverture du débat à l’Assemblée nationale sur le texte honni.
En résumé, place Vendôme, Mme Taubira s’occupait essentiellement de son « plan com » plutôt que des affaires relevant de son ministère. Où, pourtant, le travail ne doit pas manquer…
D’ailleurs, s’il fallait une preuve du fait que l’ex-ministre, pendant plus de 3 ans, a plus manié le verbe qu’elle n’a agi (hormis sa loi sur le mariage pour tous), France 2, l’autre soir, l’a fournie. En voulant démontrer que, contrairement à ce que l’opposition a toujours condamné, c’est-à-dire l’idéologie laxiste de Christian Taubira, les prisons n’avaient pas été vidées depuis 2012, la chaîne de service public a finalement placé celle-ci face à ses contradictions. N’a-t-elle pas sans arrêt répété que la prison n’était pas la seule solution pour sanctionner la délinquance ?
