Boko Haram, les Shebabs et, bien sûr, Daech n’arrêtent pas de massacrer par centaines les « infidèles » et de détruire les témoignages les plus précieux de la longue histoire de l’humanité. Et que se passe-t-il dans notre beau pays, à part les habituelles, et non moins solennelles, condamnations de nos dirigeants ? Aux micros et caméras qui se tendent, quand ils se tendent, on veut bien dire sa profonde émotion face à des comportements qui dépassent tout entendement. Mais, ensuite ? Rien. Ah si, on a envoyé le « Charles de Gaulle » au large de l’Irak, avec des Rafale à bord pour bombarder les positions des djihadistes. Pour quel résultat ?
Alors, certes il n’est pas aisé de se débarrasser d’une véritable armée qui a profité de la trop longue passivité des Occidentaux pour s’installer, comme des poissons dans l’eau, au milieu des populations civiles irakiennes et syriennes (quant à ce qui se passe au Nigéria, en Lybie, en Somalie, n’en parlons pas…). Mais, quand même, et pour ne parler que de la France, de ses hommes politiques comme de ses médias, ne pourrait-on un peu plus se préoccuper de ces sujets et consacrer un peu moins de temps aux polémiques de café du commerce ?
La partie de ping-pong entre le député-maire de Tourcoing et la Garde des sceaux, avec le Premier ministre en prime, est-elle digne de figurer aux 20 heures de nos chaînes généralistes de télévision ? Les indignations de jeunes adeptes du tweet à l’écoute du dernier « hymne » des Enfoirés, écrit par Jean-Jacques Goldman, méritent-elles tout ce tintamarre, avec un Jacques Attali en chef d’orchestre ? L’appréciation parfaitement stupide d’une Madonna sur « le pays des droits de l’homme » nécessite-t-il qu’on s’y arrête plus de deux secondes ?
Certes, ce sont autant de dérivatifs. Comme d’ailleurs, les gros mots utilisés, et par François Hollande, et par Manuel Valls (et largement relayés), pour faire oublier leur incapacité à résoudre les problèmes du pays. Après l’emploi, par le second, du terme d’apartheid à propos des quartiers dits difficiles, ou sensibles, ou déshérités (au choix), le président de la République juge que le parti de Marine Le Pen « est tout sauf le parti de la République » et il appelle à « arracher » les électeurs au Front national ! Rien que cela…Le coléreux Premier ministre, quant à lui, ne digère pas le FNPS « inventé » par Nicolas Sarkozy et parle d’un « endormissement » généralisé face au « danger du FN ».
Pour l’exécutif, désemparé face à la perspective d’une mémorable rouste pour le PS aux élections départementales, « l’esprit du 11 Janvier » étant bel et bien enterré, c’est « feu à volonté » sur la formation d’extrême-droite. Mais là encore, on assiste à un combat d’arrière-garde. Si mal il y a, il est fait et depuis longtemps. Comme au Proche-Orient. Et la gauche, comme la droite d’ailleurs, incapable de jouer sa partition, porte la responsabilité de son développement. Ce ne sont pas les outrances verbales qui modifieront la donne. Au contraire.
Le fait de placer plus que jamais le FN au centre de la vie politico-médiatique ne peut aboutir qu’à le renforcer…au détriment d’une UMP et d’une UDI aphones. Mais c’est sans doute ce que recherchent tout simplement François Hollande et Manuel Valls…
