A l’heure de la spectaculaire cyberattaque au nom de l’Etat islamique contre TV5 Monde, qui vient après plusieurs autres offensives de même nature et de même origine (1 300 auraient été recensées) ; à celle des attentats meurtriers perpétrés, toujours en se revendiquant du Prophète, au Kenya, en Egypte, Irak et Syrie, sans parler de la situation du Yemen ; à celle de ce grave dysfonctionnement au sein de notre Education nationale et de notre Justice qui fait qu’un enseignant condamné pour des faits de pédopornographie dirige encore une école maternelle ; à celle d’une « Maison ronde », autrement dit Radio France, qui, à force de ne plus tourner dans le bon sens, voit son fonctionnement bloqué depuis trois semaines…le sujet qui suit apparaîtra mineur. Certes. Et pourtant il illustre tout à fait l’état dans lequel se trouve notre pays.
L’essayiste, Julien Damon, auteur de « Les 100 mots de la ville », fait partie de ces Français qui enragent de voir l’espace public pris pour une poubelle. Il a profité de l’occasion offerte par une réunion interministérielle consacrée à un nettoyage d’urgence des abords des autoroutes au nord de Paris, moyennant un budget de 5 millions d’euros quand même ( !), pour pousser « un coup de gueule » dans l’hebdomadaire Le Point, sous le titre explicite « La France porcherie ».
Car, il n’y a pas que l’autoroute A1 entre l’aéroport Charles de Gaulle et la capitale qui offre un triste panorama. Les chemins de campagne, ou de montagne, et les plages comme les rues, trottoirs, places et squares de nos villes sont, eux aussi, plus ou moins jonchés d’immondices, allant des papiers gras et des canettes de bière aux canapés ou machines à laver hors d’usage, quand ce ne se sont pas des carcasses de véhicules abandonnées sur la chaussée. Il paraît qu’au total 60 000 tonnes de détritus divers sont abandonnés ici et là au fil des ans.
Julien Damon a raison d’écrire que, si sensibilisation et réparation, comme celle, onéreuse, décidée par nos ministres, doivent faire l’objet d’actions régulières, il convient de passer aux sanctions. Malheureusement, comme trop souvent dans notre pays, il y a loin des textes répressifs à leur application. Avez-vous déjà vu des individus salopant notre environnement être contraints de s’acquitter de contraventions ? Si vous avez dépassé le temps de stationnement pour votre voiture, vous avez de bonnes chances de « prendre une prune » ! Par contre, vous pouvez laisser sortir votre chien de votre appartement le temps qu’il accomplisse ses besoins au beau milieu du trottoir, vous ne risquez rien !
« Il faut donner aux forces de l’ordre les moyens et incitations permettant de punir effectivement les contrevenants, conclut Julien Damon. A défaut, la France de la négligence tolérée et de la tolérance dévoyée glissera davantage encore, au moins sur le plan des espaces, dans une décadence bien discernable. »
Hélas, là encore, je crains qu’il ne faille pas se bercer d’illusions…
