Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour vérifier que, pas plus que ses collègues déjà propriétaires de journaux, radios ou télés, l’armateur Raphaël Saadé n’était pas insensible aux contenus de ceux-ci. Et que ses engagements, prononcés la main sur le cœur, n’avaient aucune valeur.
Quand il a acheté le quotidien marseillais, La Provence, il avait garanti qu’il n’y aurait aucune suppression de poste. Jusqu’à ce que la « conjoncture » l’oblige à revoir ses plans. Et puis, voilà que son ami, Emmanuel Macron, vienne, ou plutôt revienne, à Marseille pour déclarer la guerre aux narcotrafiquants. Il pouvait espérer que son journal rende fidèlement compte de cette visite. Au lieu de quoi, que découvre-t-il au lendemain de cette opération « place nette XXL », sur toute la une ? Une photo avec deux jeunes de dos face à une policière et ce titre : « Il est parti et nous, on est toujours là… » Manière de dire que la visite présidentielle n’aura pas changé grand’chose structurellement au marché local de la drogue.
Rodolphe Saadé ne pouvait pas demeurer sans réaction face à cet affront fait à « Manu ». Il a donc demandé à son directeur de la publication Gabriel d’Harcourt , de publier un « mot d’excuse ». Et, comme cela ne suffisait pas, le directeur de la rédaction, Aurélien Viers, a été mis à pied, en attendant le licenciement.
Les journalistes de BFM TV et de RMC, que l’homme d’affaires doit racheter, sont prévenus. Qu’ils ne s’arrêtent pas aux promesses de leur futur propriétaire. Il est comme les autres. On ne touche pas aux copains. Quant à la CMA-CGM, attendons !
