C’est voté : à mains levées, à 1 h 04 dans la nuit de mercredi à jeudi, dans un hémicycle déserté ! Oh, certes, quelques députés, surtout ceux d’Alsace, ont bien livré un dernier baroud d’honneur, mais c’est quand même dans l’indifférence générale que l’article 1er de la loi, celui fixant le nombre de nouvelles régions métropolitaines a été approuvé en seconde lecture par l’Assemblée nationale. Cela symbolise l’échec annoncé de la « grande » réforme territoriale décidée par François Hollande.
La France, en 2016, ne comptera donc plus que 13 régions au lieu de 22 et, comme prévu, le Languedoc-Roussillon fusionnera avec Midi-Pyrénées, puisqu’aucun élu, depuis la disparition de Christian Bourquin, ne s’est vraiment battu pour qu’il en soit autrement. Ou, surtout, pour que le débat, vicié dès le début, porte sur autre chose que les contours d’une carte redessinée par une poignée de technocrates. Pour que l’on parle des vrais sujets : des compétences et des moyens dévolus aux nouveaux territoires et, surtout, du rôle de chacune des strates administratives, de l’Etat à la commune. Parce que la taille n’est pas automatiquement synonyme de puissance. Il suffit de regarder l’Allemagne, puisque c’est le modèle qui nous est servi systématiquement : il existe des landërs bien moins étendus que certaines de nos régions actuelles, guère plus peuplés, mais qui pèsent au plan national comme européen car inscrits dans un système véritablement décentralisé.
Et puis, à qui fera-t-on croire que, mise en route sans la moindre réflexion de fond, la réforme va générer des économies de fonctionnement ? D’ailleurs, plus personne n’utilise cet argument qui avait été pourtant le premier mis en avant. Un sous-ministre avait même donné un chiffre : 21 milliards !
Mais, oublions cela : place désormais aux polémiques majeures que ne va pas manquer de générer le choix d’un nom pour les nouvelles « mariées », d’une capitale et d’un…logo ! Sans oublier l’élection d’un président et, peut-être même, la construction d’un Hôtel de la « grande » région.
